Les fondamentalismes, comment les reconnaître ?

Les fondamentalismes, par Marie-Andrée Roy, professeure au Département de sciences des religions et Directrice de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM (http://www.lautreparole.org/articles/648)
(…) En m’inspirant de ces éléments, je voudrais mettre en relief cinq aspects de la vision du monde du fondamentalisme qui m’apparaissent particulièrement cruciaux.
1) Le monde va à sa perte. Pour les fondamentalistes, le recul de la religion dans nos sociétés modernes, la perte de son influence sur les institutions sociales et sur les individus entraînent notre déchéance. Il faut donc contrer cette chute, lutter pour remettre le religieux au cœur de nos sociétés afin qu’il en soit le principe structurant.
2) Il n’y a pas 36 vérités, il n’y en a qu’une seule, révélée par Dieu. Le pluralisme idéologique est inacceptable et entraîne un relativisme maléfique. La révélation divine doit être notre seule guide et celle-ci est codifiée par les seuls chefs autorisés.
3) Mémoire sélective. Les fondamentalistes sont sélectifs dans ce qu’ils retiennent de leur tradition religieuse, de leur héritage spirituel mais ne reconnaissent pas l’existence de cette pratique de sélection. À leurs yeux, ils rendent compte de l’unique et intégrale vérité révélée dont ils sont des témoins authentiques.
4) C’est noir ou blanc. Le fondamentalisme ne s’inscrit pas dans la nuance; il pratique au contraire une lecture dualiste du monde où il y a le bien et le mal, les bons et les méchants, la vérité et le mensonge. Dans ce contexte, ceux et celles qui ne partagent pas leur vision du monde sont diabolisés et deviennent des ennemis.
5) Leadership autoritaire. Les fondamentalistes ont à leur tête un mâle, un chef autoritaire qui exerce sur eux un fort ascendant (renoncement à la pensée personnelle critique, soumission à l’autorité). Le fondamentalisme s’inscrit comme une des formes exacerbées du patriarcat.
(…)
Les « airs de famille » du fondamentalisme:
1. Les fondamentalistes cultivent un idéalisme religieux essentiel au maintien de leur identité personnelle et communautaire;
2. le fondamentalisme comprend la vérité comme une et révélée;
3. le fondamentalisme cherche à scandaliser;
4. les fondamentalistes se perçoivent comme des acteurs importants dans un conflit d'envergure cosmique;
5. ils réinterprètent l'histoire à la lumière de ce conflit;
6. ils diabolisent leurs opposants et sont essentiellement réactionnaires;
7. les fondamentalistes sont sélectifs; ils ne conservent de leurs traditions et de leurs héritages que certains aspects;
8. le fondamentalisme a toujours un homme (au sens vir) à sa tête.

Les cinq caractéristiques idéologiques du fondamentalisme:
1. Le fondamentalisme est avant tout préoccupé par l'érosion de la religion
et de son rôle social ;
2. les fondamentalistes sont sélectifs à l'égard de ce qui dans leur tradition et dans la modernité est jugé digne d'être préservé ou condamné ;
3. le fondamentalisme est dualiste ;
4. le fondamentalisme met l'emphase sur le caractère absolu et inhérent de sa source de révélation ;
5. le fondamentalisme est millénariste ou messianiste.

Quatre constantes dans les groupes fondamentalistes :

1. Le groupe est constitué de choisis, d'élus;
2. les frontières du groupe sont très nettement délimitées;
3. le groupe a un leader charismatique autoritaire;
4. le groupe a le sens de la mission.

Les croisés de la Morale


En apparence, les fondamentalismes voudraient faire croire à une nouvelle guerre des religions. Il n’en est rien : ce qui les oppose c’est effectivement la religion qu’ils défendent, mais tout le reste les réunit bien plus efficacement : leur démarche est la même, leur ennemi est commun.
Evangélique, haredim, salafiste ou lefebvriste, tous se réfèrent à une tradition religieuse, aux écrits fondateurs, textes originels porteurs de la Parole de leur Dieu, infaillibles et qui apportent toutes les réponses aux grandes questions de notre temps pour gouverner la société.
Tous ces fondamentalismes s’opposent à la modernité, au pluralisme religieux, culturel et moral, en un mot aux libertés individuelles. Leur ennemi commun c’est la laïcité et le libéralisme.
On veut nous faire peur en agitant le spectre d’un salafisme obscurantiste, mais qu’en est-il des autres fondamentalismes ? Petite plongée au cœur du lefebvrisme, la Tradition catholique.

Petite balade au cœur de la mouvance Saint Pie X
La Tradition catholique française fut incarnée par Monseigneur Lefebvre. La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en est le socle religieux, l’Institut Civitas en est le bras politique, épaulés par une myriade d’associations.
Plongée idéologique, visite des websites liés à la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) au cours des mois d’avril et mai 2013, marqués par l’opposition à la loi Taubira du mariage pour tous en France :
 « Le Pape Saint Pie X a été béatifié pour avoir courageusement dénoncé des erreurs modernes et montré l’exemple de la sainteté dans la fermeté de la doctrine, la pureté des mœurs et la dévotion au Sacrifice eucharistique. » Pie X (1835-1914) fut un pape conservateur, anti-moderniste, opposé à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en France.
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X fondée par Monseigneur Marcel Lefebvre a pour but principal la formation de saints Prêtres, "ceux dont l’Eglise a tant besoin", elle dispense partout "la saine doctrine catholique, la Messe dans sa Liturgie inchangée", soutenant les familles désireuses de donner à leurs enfants "une véritable éducation catholique".
Les obligations familiales sont d’observer "les lois du mariage dans le but d’avoir une famille nombreuse. Renoncer absolument à toute action positive dans le but de ne pas avoir d’enfants", rejeter "tout ce qui peut ternir l’âme des enfants : télévision, revues indécentes…", "diffuser les bonnes lectures", choisir "des écoles vraiment éducatrices et traditionnelles", "être prudent dans le choix des loisirs et des lieux de vacances", "combattre le libéralisme et le modernisme, fléaux des temps modernes qui livrent l’Église aux ennemis".

Deux maisons d’éditions, Clovis diffusion et Le sel de la terre se chargent de diffuser les bonnes lectures. Plongée subjective dans leurs catalogues de vente avec quelques extraits de leurs résumés :
Roberto de Mattei, dans La dictature du relativisme : «(…) il faut choisir entre loi naturelle et la civilisation de la charité, d'une part, et relativisme et culture de mort, d'autre part ! »
Roger Lefebvre, dans Pour l’honneur de Dieu, démontre que : « (…) le modernisme et le communisme ont les même origines philosophiques, au point de conclure que le modernisme est le communisme de l'Eglise. Mgr Lefebvre lui écrivit en son temps pour le féliciter de cette thèse. Le présent ouvrage apporte la preuve, par la méthode comparative, que le modernisme en philosophie et en théologie aboutit au même résultat catastrophique que le communisme dans la vie des peuples.»
Christian Lagrave, dans Les origines du nouvel ordre mondial : « (…) la fin ultime de ce Nouvel Ordre Mondial : réaliser l'unité du genre humain par l'établissement d'un gouvernement mondial d'inspiration satanique. »
Les Journées Jean Vaquié ont pour rôle de dénoncer l’existence : « (…) d'un complot multiséculaire contre l'Eglise catholique, étudier la nature de ce complot et les formes qu'il revêt à toutes les époques. Dénoncer la subversion dont les institutions catholiques ont été victimes et proposer des moyens de reconstruire un ordre chrétien. » Elles montrent "le combat des deux cités" : "la cité de satan contre la cité de Dieu", pointent "les ennemis, l'action maçonnique, la subversion dans l’Eglise, l’évolutionnisme (poison universel)".
Les "bonnes lectures" commencent à dresser la philosophie de cette mouvance traditionaliste, la "saine doctrine" : D’un côté la cité de Dieu et la loi naturelle ; de l’autre la cité de satan, une civilisation du relativisme, du modernisme et du communisme, une culture de la mort, un nouvel ordre mondial qui veut établir un gouvernement mondial d’origine satanique. La cité de satan est à l’origine d’un complot multiséculaire fomenté par l’action maçonnique contre l’Eglise chrétienne grâce à la subversion, l’évolutionnisme (poison universel),… L’ennemi est identifié, le combat des deux cités est en cours et se déroule sous nos yeux.

L’Association Catholique des Infirmières, Médecins et Professionnels de Santé (ACIMPS) est une association catholique "attachée à la loi naturelle et à la Tradition Catholique", qui "se réfère explicitement à la Tradition de l’Eglise", qui "défend inconditionnellement la vie, de la conception à le mort naturelle".
Communiqué de l’ACIMPS du 9 mars 2013 : « Les prêtres français seront-ils obligés de marier les homosexuels ? Cette question est importante à poser. D’une part les lois de non-discrimination envers les homosexuels verront probablement fleurir des procès contre les prêtres refusant d’envisager de tels mariages. Comptons sur les Khmers roses pour leur tendre des pièges en tous genre, y compris en confession.(…) »
Communiqué de l’ACIMPS du 3 janvier 2013 : « (…) La courbe de progression de l'insécurité suit celle des divorces et des séparations de couples. C'est un fait... C'est cette situation que le mariage des homosexuels va aggraver. (…) Alors que selon l'INSERM les homosexuels se suicident treize fois plus que le reste de la population. Une étude canadienne établit que les violences conjugales sont le double au sein de ce type de populations. Sans compter que 18 % des gays (chiffre reconnu par Mme Bachelot) ont contracté le sida. Ce sera dans de telles ambiances que demain nos enfants seront placés par l'adoption, voire conçus par la procréation médicalement assistée. »
L’ACIMPS est présidée par le Docteur Jean-Pierre Dickès depuis l’an 2000, auteur de L’ultime transgression, refaçonner l’homme (Editions de Chiré), L’homme artificiel, essai sur le moralement correct (Editions de Paris) et La Blessure (Editions Clovis) : « Notre modèle de société est devenu un mélange d'affairisme, d'idéologie scientiste et de star-system. Il a développé par le moralement correct une véritable culture de mort. (…) Mais quel est donc le modèle de cette nouvelle humanité ? Le docteur Dickès en dresse les contours "antéchristiques". Dans une démonstration éblouissante, le docteur Dickès accumule les preuves, épingle les faits précis, rapporte les anecdotes (le truquage des statistiques, la mondialisation, l'Europe, etc.), non sans remonter à l'origine du désastre actuel : la contraception en 1967 en France avec la loi Neuwirth. (…) Surtout il n'oublie pas de souligner la cause et l'auteur premier de toutes ces transgressions - dont « l'ultime » serait la fabrication d'un cerveau artificiel - celui qui est le Menteur dès les origines et « qui rôde dans le monde pour perdre les âmes ».
Des journaux saluent son livre : Présent, Renaissance Catholique, La Nef, Minute, L'Homme Nouveau, Altaïr, Lectures Françaises
Sos Mamans (UNEC) est « un groupe d'action d'aide directe auprès des femmes et jeunes filles confrontées à l'avortement », "La France chrétienne se meurt, petit à petit, rongée par la gangrène de l'avortement, crime contre l'humanité et offense majeure à Dieu. (…)Les catholiques français ont comme un feu sacré dans l'âme, ce feu propre à la fille aînée de l'Eglise qui a déjà inspiré une Clotilde pour convertir son époux royal Clovis, St Louis pour porter la Croix en terre musulmane, Ste Jeanne-d'Arc pour partir de sa bergerie et remettre la France chrétienne debout, Ste Bernadette pour se laisser diriger par la Ste Vierge elle-même, le curé d'Ars pour lutter contre Satan en personne, Ste Thérèse de Lisieux pour enflammer les coeurs de la chrétienté. La suite, c'est vous aujourd'hui, et c'est la même flamme de l'Amour tout dévorant de N.S.J.C. qui brûle dans vos âmes. »
Sos Tout-petits est un mouvement présidé par le docteur Xavier Dor. Avec ses amis de l’association, il descend dans la rue tous les mois « devant un avortoir », toutes les semaines, pour « (…) rappeler aux jeunes, auxquels de nombreuses médailles miraculeuses sont distribuées, l’importance de la vertu de pureté. « Rien avant le mariage » répète souvent le Dr Dor. »
Bulletin N°36 de février 2013 : « Selon l’ordre naturel, l’homosexualité (et a fortiori le mariage homosexuel) est la négation génétique, anatomique, physiologique et psychique de la complémentarité des sexes. (…) Vivre en niant l’évidence est dangereux pour l’esprit, sans compter ici les risques de sida ou de pédophilie. La lune est carrée, le soleil est noir, 2+2 = 5 (…) La violation du mariage n’est qu’un des aspects de la subversion générale (…). On a légalisé la contraception et l’avortement, au nom de la liberté de la femme, et autorisé de nombreuses dérogations permettant les manipulations sur l’embryon humain, au nom de la liberté scientifique. On légalisera de même le mariage homosexuel, au nom de l’égalité des sexes, et l’euthanasie, au nom de la fraternité.(…) Originel, le péché devient institutionnel, inscrit dans les lois, œuvre de la franc-maçonnerie et du laïcisme. (…). N’est-ce pas là, la Synagogue de Satan dont parlait l’Apocalypse, s’affranchissant de la loi divine? Ses ravages dans le monde sont effrayants, les petites victimes de l’avortement se comptent par milliards. »
Edito du website : « (…) Déicide politique, le laïcisme - en chassant Dieu de la cité - réduit la religion à une affaire privée. La charte est la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789. Selon l’article 6, tiré du " Contrat social " de Rousseau, " la loi est l’expression de la volonté générale ", la souveraineté ne vient plus de la loi divine ou naturelle, de la Révélation ou de la raison droite- elle vient du peuple qui décide à la majorité. Aussi, les Droits de l’homme sont sans Dieu (athéisme ou vague déisme), sans devoir (tout est dû), arbitraires, aussi changeants que tyranniques. La loi sur l’avortement -fille du jeu démocratique- est la fille de l’article 6. La perversion de la démocratie - comme elle le serait de tout autre régime - lui vient de cette souveraineté que l’homme se donne à lui-même, perversion radicale quand elle se cache sous la vertu. La gauche s’est faite l’héritière et la gardienne de la Révolution. Quant à la droite, si elle reconnaît un ordre naturel et surnaturel des choses, elle ne pense qu’à déserter. En forçant à peine le trait, on pourrait dire que la gauche c’est l’inversion, et la droite la trahison. (…) Décomposer et recomposer, c’est le " Solve et coagula " des francs-maçons. Déracinement, perte d’identité appartiennent à la culture de mort. Satan s’est adressé à Ève plutôt qu’à Adam, parce que la femme, c’est l’enfant, le foyer, la permanence, l’éducation. Qui tient la femme, tient la société. Lénine ne pensait pas autrement. Dieu lui-même s’est adressé à une vierge pour l’Incarnation de son fils. Ainsi, la perdition et la Rédemption passent par une femme. Elle est l’enjeu de la Création. Aucun acte ne peut la pervertir davantage que de tuer son propre enfant, aucun acte n’est plus révolutionnaire pour elle-même et pour la société.  (…) Le mensonge et l’homicide ne sont pas la fin de la culture de mort : ils en sont les moyens. Le but n’est pas tant la salissure de la Création ou la mort en elles-mêmes, mais par elles, en nous arrachant au Décalogue et aux Béatitudes, la mort éternelle. Le but ultime de l’idéologie, et il n’y en a pas d’autre, est la damnation. Satan lui-même n’est pas athée, mais révolté. Il ne nie pas l’existence de Dieu, mais il veut nous en séparer à jamais comme lui-même l’a fait. La guerre n’est pas seulement éthique, philosophique, culturelle, sociale, politique, démographique, économique, elle est tout cela, mais elle est d’abord religieuse, eschatologique, le combat, tous les combats et surtout celui-là est spirituel.(…) »
ACIMPS, Sos Maman, Sos tout-petits, … c’est la loi naturelle, de la conception à la mort naturelle, il ne faut pas intervenir. Le premier crime c’est la contraception, le plus redoutable c’est l’avortement. « Rien avant le mariage », une famille nombreuse sans contraception ni avortement ou bien accepter son infécondité, et enfin une vieillesse sans euthanasie.
L’insécurité est liée aux divorces et aux séparations, le mariage homosexuel va la renforcer comme il multiplie les violences conjugales. Les homosexuels se suicident plus que les autres, sans parler des risques de Sida et de pédophilie. Demain les prêtres piégés par les Khmers roses seront obligés de les marier.
C’est une culture de mort satanique qui s’est emparé du monde, la synagogue de Satan dont parlait l’Apocalypse. Les francs-maçons ont imposé le laïcisme et la Déclaration des droits de l’Homme qui ont conduit à tout cela. Il faut lutter contre Satan, la guerre est religieuse et le combat est spirituel.

L’Institut Civitas pour une cité catholique est « un mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l'Église et regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier. (…) L’institut CIVITAS est une œuvre de reconquête politique et sociale visant à rechristianiser la France. Il mène ses propres actions, mais il soutient également toute initiative qui va dans le sens des valeurs chrétiennes et de l’ordre naturel. »
Sur le website de France Jeunesse Civitas, on peut lire sur la colonne de gauche : « Avortuerie, l’holocauste silencieux. L’avortement tuera 120.000 bébés aujourd'hui ! Depuis que vous avez ouvert cette page, XX sont mort par avortement. Le compteur révèle le nombre de bébés qui sont mort depuis l'ouverture de cette page web. »
Quelques titres des dossiers de l’Institut Civitas : La mission des laïcs dans la reconquête : La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ et Le Christ-Roi et le rôle des laïcs dans son avènement, la Révolution, ou bien encore les droits de l’Homme, outils de destruction de la civilisation chrétienne. Extraits :
 « (…) le Christ règne sur la société, donc l’Etat est soumis au règne du Christ ; en pratique, cela signifie que la religion catholique, religion du Christ, est la religion officielle de l’Etat. (…) Le Décalogue est la charte et le fondement de l’Etat : sa loi fondamentale n’est donc pas la Déclaration des droits de l’homme. L’Etat veille au respect de la morale naturelle, et les lois sont l’application concrète et particulière du Décalogue ; l’économie, le travail, la famille, en un mot la morale publique, sont conformes aux exigences de la justice et de la loi de Dieu. L’Etat réprime l’immoralité et facilite la pratique du bien. Voilà pourquoi l’Etat catholique n’admet pas la propagande immorale et anticatholique ; il s’oppose à la propagation et à la proclamation publique de l’erreur, voire aussi de l’hérésie et de l’infidélité. Les fausses religions et les fausses philosophies sont les ennemies publiques, ennemies de l’Eglise comme de l’Etat. L’erreur n’a aucun droit, les fausses religions non plus ; il n’y a pas de droit naturel à la liberté religieuse pour toutes les religions indistinctement : seule l’Eglise catholique possède d’elle-même ce droit à la liberté religieuse. (…) L’autorité, celle du prince comme celle du père de famille, est sacrée, et c’est ce que l’Eglise a toujours reconnu ; l’Eglise rend l’autorité sacrée et légitime. Le pouvoir est de droit divin, que ce pouvoir soit monarchique, aristocratique ou démocratique. (…)Si elle est catholique, la démocratie peut être sacrée ; sinon, elle est perversité. »
« (…) La Révolution est la négation systématique de l’autorité légitime, c’est la rébellion érigée en principe, en droit, en loi. (…) L’essence de la révolution est satanique ; son but est la destruction du Règne de Dieu sur terre. Le bienheureux Pie IX l’a dit clairement : « la Révolution est inspirée par Satan lui-même. Son but est la destruction de l’édifice du Christianisme, pour reconstruire sur ses ruines l’ordre social du paganisme. »
Rechristianisation, instauration du droit et de l’ordre naturels, tels sont les objectifs de Civitas. Le Décalogue est le fondement de l’Etat et les droits de l’Homme un outil de destruction. L’autorité est sacrée et légitime. La démocratie est perversité si elle n’est pas catholique.

Le fondamentalisme catholique lefebvriste est en guerre. En guerre contre le nouvel ordre mondial, cité de Satan, fruit de la laïcité et des droits de l’Homme. Il faut rétablir l’autorité légitime de Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ, et la loi naturelle.
Sont-ce là paroles plus rassurantes que celles d’autres fondamentalismes religieux ? Hormis la religion qui les sépare, le discours est de même nature, l’ennemi identique…
Quelle que soit leur confession, les fondamentalistes ont en commun de résister au remplacement du sacré par le sécularisme et le rationalisme, de s’opposer au pluralisme et au relativisme idéologique et religieux et à la libéralisation des mœurs, phénomènes regroupés sous les termes de modernité et de mondialisation.

La disparition des valeurs traditionnelles, la perte de repères d’une société globalisée, multiplient les peurs sur lesquelles s’appuient les fondamentalismes pour prôner un retour à un passé mythique idéalisé.